
Hippocampe édition
2017
14 x 21 cm (broché)
96 pages
isbn 979-10-96911-02-8
Profond d’ombre où tout est dans le même jus, ce qui est dans l’eau devient marin. Le solide se désagrège peu à peu et déserte la couronne extérieure des choses. La planche de bois immergée perd d’elle-même en dissolutions. Dans le bain, les particules des dégradés s’agglomèrent aux derniers venus, encore intègres, et l’assimilation est lente. L’aspect général n’est pas encore uni ; ça ne devient le cas que lorsqu’un temps suffisant est passé et que ni ce qui vient de s’ajouter ni le fond de restes, depuis longtemps décomposé au dernier stade, réduit matériel minimum, ne sont plus distincts. Quand les choses se fondent dans ce qui désormais les entoure, une sorte de caractère commun est assigné au lieu, parce que tout ce qui est passé par cette modification en est au même point, et que tous les nouveaux apports se répartissent, aveuglément. Il n’y a plus de rythmes, plus de nuances, plus d’altérité, tout se déforme dans le gris.
Comme la chrysalide pour les chenilles, le texte est une vaste usine des mutations. Il se déploie par capillarité et grandit par le milieu. Sa matière en évolution est régulièrement découpée, déplacée, réorganisée. Certains blocs se divisent pour former de nouveaux fragments, alors que d’autres entre eux s’agrègent. Du singulier ponctue l’itération des motifs, comme du solide restant dans un bain de macération : la délimitation est incertaine entre ce qui en est déjà, et ce qui résiste encore.
Quoique tenant plus du protéiforme que du déroulement ordonné d’un programme, Un domaine des corpuscules fait diffusément écho à la géométrie sale, notion centrale et titre d’un numéro de la revue Tissu. Hésitant entre enlisement et épiphanies, l’écriture se conçoit ici comme pensée de la poussière ou de la boue, et comme distillation dans sa grammaire de ce qu’elle charrie.
Autour d’Un domaine des corpuscules
- Critique de Romain Buffat sur viceversalitterature
- Critique de Pierre Muresan sur le blog de l’université de Fribourg
- Critique de Eric Duvoisin sur poesieromande
- Entretien avec Romain Buffat
- Radio Canut : La poésie débouche n.5, saison 2
- Extraits traduits en allemand par Gabriela Zehnder et en italien par Pierre Lepori