
Hippocampe édition
2018
14 x 21 cm (broché)
120 pages
ISBN 979-10-96911-13-4
Le bonsaï étant une forme contrainte donnée à une espèce naturelle, afin d’en obtenir une image miniature, de la négligence à son égard mènera à une reprise de vigueur sous forme de débordements. Son extinction en tant que bonsaï commence par la surabondance ; de nouvelles impulsions non jugulées rendent au spécimen son naturel. Échappant aux contraintes qui faisaient de lui une image, par croissances et par bourgeonnements en tous sens, le petit arbre cesse. Tout un désordre en pleine taille, fait de torsions, d’écarts, de reprises.
L’écriture peut se concevoir comme un ensemble en expansion, grandissant en son centre par associations, fonctionnant selon une logique de déploiement, de variations et de déclinaisons, à la manière d’une tapisserie. Bonsaï trouve au contraire son origine dans le traitement de scories et de bribes, écartées de précédents textes au moment où s’en est dessinée l’unité. À partir de tels éléments, l’écriture s’amorce de manière plus succincte et modeste. Elle s’attache à l’abstention, à l’interruption, à la ligature, tout en gardant quelque chose de l’ordre du suintement.
Un guide de vulgarisation sur les bonsaïs, avec ses illustrations de petits arbres évoquant de courts textes, introduit l’idée d’une proximité entre cette pratique ornementale et l’écriture en général, mais le bonsaï est surtout devenu ici une forme poétique inventée pour soutenir ce travail des restes en arabesques. Dans un même livre, il y a alors le texte lui-même, le corps du texte, et il y a une bande passante où se trouvent des emprunts à un autre texte, auxquels vont pouvoir s’adosser les premiers, comme à des titres, des tuteurs. Ces deux textes cohabitent cependant d’une manière circonstancielle. Bonsaï met en œuvre une certaine aptitude à la non-coïncidence, à l’inajustement.
Autour de Bonsaï
- Critique de Constance Chlore dans la revue de belles lettres 2019, 1
- Critique de Laurent Cennamo sur viceversalitterature.ch